Sociologie des professions

Séminaire doctoral

Première séance

Quand ? Le mardi 6 septembre 2016, à 10h.

Où : ULB, Institut de sociologie, 15ème étage, Salle Henri Janne.

  • « Theorizing the Professions: Negotiating the Labyrinth » par Mike Saks, Research Professor in Health Policy at University Campus Suffolk (UCS), Visiting Professor at the University of Lincoln, et University of Toronto, Canada.

Présentations de doctorant-e-s :

  • « Quand les chiffres affectent le travail d’accompagnement réalisé par les intermédiaires du marché du travail » par Laura Beuker et Julie Gérard, ULg – CRIS
  • « Travail en mouvement et Métiers en question. Concurrence, contrôle et mobilisations généralisées » par Meike Brodersen, ULB – METICES

Des sandwichs et boissons sont prévus à midi

Informations : Pierre Artois

Comité organisateur

  • ULB : Pierre Artois, Pierre Desmarez
  • UCL : Marc Zune
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Théories de la sociologie

Ce séminaire est annulé

Autour de Bernard Lahire

Quand ? Vendredi 10 juin 2016, de 9h à 12h.

Où ? Université de Liège, Campus du Sart-Tilman, Bâtiment B31, Salle du conseil.

Avec les interventions de Bernard Lahire (ENS Lyon), Grégory Jemine (ULg), Pieter Vanden Broeck (UCL), Bruno Frère (ULg), Jean de Munck (UCL)…

Infos et réservations : Bruno Frère

Organisation :

  • ULg : Bruno Frère et Jean-François Oriane.
  • UCL : Mathieu Berger, Jean De Munck, Matthieu de Nanteuil.
  • ULB : Jean-Louis Genard.
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Ethnographies du proche : perspectives réflexives et enjeux de terrain

Journée d'étude du 9 mai 2016 à à l'Université de Liège (Belgique)

Le voyage comme prérogative de l'enquête de terrain a longtemps constitué une des conditions nécessaires pour établir l'autorité ethnographique du chercheur. Celle-ci se gagnait au travers du témoignage du voyage, du fait d'«y avoir été», d'avoir séjourné quelque part, où l'éloignement géographique de son lieu de résidence s'accompagnait de l'immersion dans un contexte social et culturel identifié comme distinct de son univers de référence quotidien. Si cette condition de voyage et d'immersion persiste encore aujourd'hui, elle peut s'entendre dans un sens différent.

Cette journée d'étude porte sur la pratique du terrain «chez soi», c'est-à-dire sur une démarche ethnographique qui n'implique pas un éloignement géographique du contexte de vie quotidien du chercheur, ou qui implique un «retour» du chercheur «chez soi» lorsque celui-ci avait auparavant travaillé dans des contextes étrangers. Dans ces cadres, quelles formes prend le voyage en tant qu'exigence de la démarche de terrain et prérequis de l'autorité ethnographique ? L'immersion que mettait en place la situation d'enquête risque-t-elle de s'amplifier jusqu'à faire fusionner sujet et objet d'étude en raison d'une proximité géographique, engageant éventuellement aussi une proximité sociale ou culturelle ? Comment se façonnent les relations entre chercheurs et acteurs du terrain dans de tels contextes, et comment se définissent réciproquement les frontières de l'altérité ? La notion même de «chez soi» doit être interrogée des points de vue des différents acteurs qui concourent à la constitution des relations ethnographiques, en articulant la question des espaces et celle des temporalités, dimensions intimement liées s'il en est.

Particulièrement destinée aux jeunes chercheurs, la journée d'étude s'intéresse aux manières dont la nouvelle génération se confronte à ces questions. Quels positionnements méthodologiques et politiques amènent certains à choisir de faire du terrain «chez eux» ? Comment les enjeux de l'ethnographie du proche influent-ils sur la validité scientifique de leurs recherches ? Encadrées par deux conférences inaugurales, les réflexions s'articulent en trois sessions thématiques. La première explore la question de la distanciation et du décentrement du regard porté sur des sujets, objets ou lieux a priori familiers ; la deuxième traite des frontières entre le soi et les autres dans la relation ethnographique ; la troisième se focalise sur les postures et identités du chercheur, du point de vue de l'engagement et de l'éthique sur le terrain. En invitant à la confrontation d'expériences singulières et hétérogènes, cette journée d'étude se veut une contribution à ce qui constitue de nos jours une réflexion épistémologique complexe en sciences sociales, et en particulier en anthropologie.

Liste des participants.

Programme

9h45 Accueil des participants
10h00 Ouverture de la journée : Marie Campigotto (doctorante, LASC, FaSS, Université de Liège) & Rachel Dobbels (doctorante, LASC, FaSS, Université de Liège) – Introduction : Ethnographies du proche, perspectives réflexives et enjeux de terrain

Conférences inaugurales

Modération : Alice Sophie Sarcinelli (chargée de recherches F.R.S.-FNRS, LASC, FaSS, Université de Liège) & Cécile Piret (doctorante FNRS, LAMC et METICES, Université Libre de Bruxelles)

10h20 Sophie Caratini (directrice de recherche au CNRS, laboratoire URBAMA, Université de Tours) – Réflexions comparatives sur quelques postures anthropologiques vécues de l'ailleurs et du proche
11h10 David Berliner (chargé de cours, LAMC, Université Libre de Bruxelles) – L’observation participante ou comment jouer à être un autre
12h Dîner

Session 1 : En terrain familier : distanciation et décentrement du regard

Modération : Fanny Duysens (doctorante, SPIRAL, FaDSPC & LASC, FaSS, Université de Liège)

13h30 Hadrien Riffaut (chercheur associé au CERLIS, UMR 8070) – Entre les lignes. Ethnographie de la piscine Pontoise de Paris
13h55 Godefroy Lansade (doctorant, Centre Norbert Elias, EHESS Marseille & Centre d’Analyse des Processus en Éducation et en Formation, Université de Nice Sophia-Antipolis) – Enquêter en terrain « connu » : Un projet anthropologique à l’épreuve d’une relation de familiarité double au terrain d’enquête
14h40 Pause

Session 2 : Le soi, les autres et l’entre-soi : les frontières de l’altérité dans la relation ethnographique

Modération : Fanny Theunissen (doctorante et assistante, LASC, FaSS, Université de Liège)

14h50 Déborah Kessler-Bilthauer (Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (EA 3471), Université de Lorraine) – Rendez-vous en terrain connu. Proximité, distance et distanciation dans une enquête auprès des guérisseurs en Lorraine
15h15 Manon Bertha (chercheuse, Institut de recherche Santé et Société, Université Catholique de Louvain) – Malentendus qualitatifs et injonctions contradictoires. Quand l’ethnographe négocie sa place en ville et en santé publique
16h00 Pause

Session 3 : Engagement et éthique sur le terrain: postures et identités du chercheur

Modération : David Eubelen (doctorant, LAMC, Université Libre de Bruxelles)

16h10 Marco de Biase (doctorant FaSS, Université de Liège & aspirant F.R.S.-FNRS, GERME, Université Libre de Bruxelles) – Rechercher à la limite? Notes sur la méthode ethnographique
16h35 Maria Vivas Romero (doctorante F.R.S.-FNRS-FRESH, CEDEM, FaSS, Université de Liège) – Sommes-nous toutes des « Latinas » ? Réflexions sur l'incidence de ma position géopolitique et de mes identités multiples lors de la réalisation de mon ethnographie avec les travailleuses domestiques Andines à Bruxelles
17h20 Clôture de la journée : Elsa Mescoli (chercheuse et maître de conférences, CEDEM & LASC, FaSS, Université de Liège) & Alice Sophie Sarcinelli (chargée de recherches F.R.S.-FNRS, LASC, FaSS, Université de Liège)
17h30 Fin de la journée

Comité organisateur

  • Marie Campigotto (doctorante non-FRIA, LASC, FaSS, ULg)
  • Marco de Biase (doctorant ULg et aspirant F.R.S.-FNRS, GERME, ULB)
  • Rachel Dobbels (doctorante non-FRIA, LASC, FaSS, ULg)
  • Fanny Duysens (doctorante, SPIRAL, FaDSPC et LASC, FaSS, ULg)
  • David Eubelen (doctorant LAMC, ULB)
  • Elsa Mescoli (chercheuse et maître de conférences, CEDEM et LASC, FaSS, ULg)
  • Cécile Piret (doctorante F.R.S.-FNRS, LAMC et METICES, ULB)
  • Alice Sophie Sarcinelli (post-doctorante F.R.S-FNRS et maître de conférences, LASC, FaSS, ULg)
  • Fanny Theunissen (doctorante et assistante, LASC, FaSS, ULg)

Appel à contribution (cloturé)

Le voyage comme prérogative de l'enquête de terrain a longtemps constitué une des conditions nécessaires pour établir l'autorité ethnographique du chercheur (Clifford, 1988). Celle-ci se gagnait au travers du témoignage du voyage, du fait d' « y avoir été », d'avoir séjourné quelque part, où l'éloignement géographique de son lieu de résidence s'accompagnait de l'immersion dans un contexte social et culturel identifié comme distinct de son univers de référence quotidien.

Si cette condition de voyage et d'immersion persiste encore aujourd'hui, elle peut s'entendre dans un sens différent. Lorsque certaines dynamiques du monde contemporain permettent aux distances géographiques de se raccourcir, on assiste à une multiplication des « localités » (Gupta & Ferguson, 1997) ainsi qu'à une « contamination » réciproque entre l' « ici » et l' « ailleurs ». Dans un même espace géographique, des réalités sociales et culturelles différentes cohabitent, de sorte qu'en certains cas l'ethnographe n'a pas à se déplacer considérablement pour que son enquête soit « multi-située » (Gellner, 2012). Un travail de terrain consiste toujours en une tentative de décentrer le regard, une inclusion d'une vision autre, un « se déplacer et se re-localiser » dans une sorte de « va-et-vient » (Gandolfi, 2011 : 5) entre codes, positionnements, postures différents. Ainsi, la création de la distance entre immersion et décentrement reste une condition constitutive de la démarche ethnographique. Elle se construit dans un mouvement dialectique que la notion d'« observation participante » elle-même préconise. Cette approche méthodologique ne se résume pas en l'observation de pratiques et en le recueil de discours. Elle implique également pour le chercheur l'apprentissage des règles implicites ou explicites agissant sur le terrain (Harris, 2001) et la participation aux expériences des acteurs, qu'il s'agit de (d)écrire (Clifford & Marcus, 1986 ; Atkinson, 1992 ; Kilani, 1994) sans négliger les négociations, difficultés et contradictions rencontrées. En effet, loin d'être un simple réceptacle ou collecteur de matériaux ethnographiques concernant son étude, le chercheur est avant tout pris dans des rapports intersubjectifs (Tedlock, 1991 : 71), où les corps et les objets agissent comme médiateurs silencieux (Hall, 1959 ; Laburthe-Tolra & Warnier, 1993). Dans la construction des relations ethnographiques, entrent donc en jeu ses qualités physiques, sociales, culturelles, humaines. Le chercheur est parfois amené à les mettre en scène en même temps que son intimité et son histoire (Godelier, 2007 ; Izard & Bonte, 2004), non pas nécessairement dans une logique stratégique, mais même simplement en se racontant tandis qu'il partge une conversation informelle. Partant, la démarche ethnographique inclut aussi un travail réflexif sur sa propre place sur le terrain, autrement dit sur la manière dont les acteurs le reçoivent et le perçoivent, et sur les manières dont il peut négocier ces positions en prenant acte des dynamiques de pouvoir qui émergeraient.

A partir de telles réflexions, cette journée d'étude porte sur la pratique du terrain « chez soi », c'est-à-dire sur une démarche ethnographique qui n'implique pas un éloignement géographique du contexte de vie quotidien du chercheur ou qui implique un « retour » du chercheur « chez soi » lorsque celui-ci avait auparavant travaillé dans des contextes étrangers. Dans ces cadres, quelles formes prend le voyage en tant qu'exigence de la démarche de terrain et prérequis de l'autorité ethnographique ? L'immersion que mettait en place la situation d'enquête risque-t-elle de s'amplifier jusqu'à faire fusionner sujet et objet d'étude en raison d'une proximité géographique — engageant éventuellement aussi une proximité sociale ou culturelle ? Les chercheurs courent-ils le risque de rester « prisonniers de la situation de terrain » (Althabe, 1990) ? Comment se façonnent les relations entre chercheurs et acteurs du terrain dans de tels contextes, et comment se définissent réciproquement les frontières dans le rapport à l'altérité ? La notion même de « chez soi » doit être interrogée au regard des points de vue des différents acteurs qui concourent à la constitution des relations ethnographiques, en articulant la question des espaces et celle des temporalités — dimensions intimement liées s'il en est.

Cette journée d'étude se dédie particulièrement aux manières dont la nouvelle génération de chercheurs se confronte à ces questions. Quels positionnements méthodologiques et politiques amènent certains à choisir de faire du terrain « chez eux » ? Comment les enjeux de l'ethnographie du proche influent-ils sur la validité scientifique de leurs recherches ?

Nous invitons à la réflexion dans le cadre de trois axes thématiques principaux. Le premier axe vise à explorer la question du regard et de son décentrement sur les terrains familiers ; le deuxième axe porte sur les frontières comme espaces significatifs du rapport à l'altérité ; le troisième axe focalise l'attention sur les dynamiques de pouvoir et l'engagement du chercheur sur le terrain.

Axe 1. Connaître son terrain. Décentrement du regard porté sur des sujets et des objets familiers

Cet axe propose de réfléchir aux enjeux spécifiques du « terrain chez soi » par rapport au travail de distanciation de ses préjugés et préconceptions (prénotions dans les mots de Durkheim, 2002 [1894]) effectué par le chercheur. En effet, comme tout individu, ce dernier évolue dans certains contextes socio-culturels, professionnels et familiaux. Au cours de son travail de terrain, il doit déconstruire son propre univers de référence : neutraliser en quelque sorte son « moi social et intime » (Godelier & Rebeyrolle, 2009), s'en distancier, ou encore en faire un instrument particulier de compréhension des univers de référence, convergents ou distincts, des acteurs avec lesquels il noue des relations. Ainsi, le chercheur peut-il mobiliser une certaine « connaissance totale » pour « donner du sens » aux matériaux ethnographiques récoltés (Okely, 1992). Plus encore, en tant que « chercheur indigène » (Peirano, 1998), il se trouverait dans une position de « native multiple » (Mascarenhas-Keyes, 1987), amené à négocier ses propres caractéristiques dans ses relations ethnographiques, et à assumer diverses identités avec différents interlocuteurs selon leurs caractéristiques revendiquées (ethniques, nationales, d'âge, de genre et de statut, etc.).

Mais aussi, parallèlement, si les paradigmes et les préconceptions dans lesquels le chercheur est pris (Favret-Saada, 1990) agissent sur sa compréhension du monde environnant, comment déployer une certaine réflexivité vis-à-vis de l'expérience ethnographique et de ses conditions de possibilité (Bourdieu, 2003 ; Caratini, 2004) ? Quelles formes spécifiques prend la « devotion to the particular » (Miller, 2010 : 22) dans laquelle il est censé s'engager lorsque l'univers social et culturel dans lequel il mène son terrain est proche de celui auquel il appartient, au sens propre comme au figuré ? Comment positionner son regard – et tous ses sens (Stoller, 1989 ; 2004) – par rapport à ce qui lui est familier ? Assumant qu'un lien étroit existe entre les objets, sujets et approches mises en œuvre dans la construction d'un terrain (Fainzang, 1994), quelles postures méthodologiques et épistémologiques le chercheur peut-il assumer ?

La question de la prise de distance se pose ici en termes de décentrement des regards de l'anthropologue. Cet axe vise ainsi à interroger les stratégies mobilisées au sein de terrains a priori connus, à la manière d'une « étrange familiarité » (Ouattara, 2004), voire même de façon « incorporée ».

Axe 2. Les frontières de l'altérité dans la relation ethnographique sur un terrain « chez soi »

Cet axe propose de s'intéresser à la question des frontières de l'altérité en tant qu'espaces dans lesquels se déploient des relations sociales (Agier, 2013). L'altérité en question dans la relation ethnographique, ou mieux la « frontière » entre le « eux » des acteurs sur le terrain et le « je » du chercheur, est rarement pensée en dépit de sa portée herméneutique qui est tant de l'ordre du visible que de l'ordre de l'invisible. En effet, cette « frontière » se complexifie et devient un espace de plus en plus poreux de par la temporalité de l'enquête, la pratique du terrain et les expériences partagées avec les acteurs. La place du chercheur sur le terrain n'est pas d'emblée et pour toujours acquise, y compris (et peut-être d'autant plus) si l'on est « chez soi ». Négocier sa place et (dé)construire les frontières de l'altérité participe de ce jeu entre distance et proximité, et pousse à interroger l'ethnographie comme « expérience incorporée » (Piasere, 1999), où le chercheur serait amené à « incorporer l'Autre » (Okely, 1992 : 16).

Questionner les frontières de l'altérité implique aussi de prendre en compte le fait qu' « [a]utrui émet toujours, consciemment ou non, des signes que l'on interprète et par lesquels on l'identifie, on lui assigne une appartenance » (Ferréol & Jucquois, 2003 : 19). Quelles sont alors les « assignations identitaires » (Agier, 2013) que le chercheur émet sur son terrain, au proche, mais aussi celles dont il fait lui-même l'objet ? Dans quelle mesure le fait d'être un « partial insider » (Abu-Lughod, 1988 : 143) dans son terrain peut-il favoriser ou entraver la construction des relations ethnographiques ? Ce travail réflexif concerne toutes les phases de l'enquête — de l'entrée sur le terrain jusqu'au travail d'analyse et, in fine, de restitution — qui impliquent certaines mises en scène de soi et de ses interlocuteurs.

Dans cette optique, et en considérant le rapport à l'altérité dans une perspective multiple et réflexive, le chercheur se demande : « qui est étranger pour qui ? ». Ledit « sentiment d'appartenance » est ici envisagé de manière réciproque, et les questions soulevées peuvent se formuler en termes d'identités individuelles et collectives, visant la manière dont elles entrent en jeu dans la construction des relations ethnographiques (Ferréol & Jucquois, 2003).

Axe 3. Dynamiques de pouvoir et engagement sur son terrain

La relation ethnographique implique aussi l'imbrication des acteurs dans des rapports de pouvoir plus ou moins explicites. Ainsi, dira-t-on qu'il est des terrains plus politisés que d'autres, où le chercheur doit prendre place (Albera, 2001 ; Cefaï, 2002). Cela implique qu'il doit jongler avec différents rôles, positions et statuts que les acteurs — délibérement ou inconsciemment — lui assignent, allant parfois jusqu'à devoir négocier avec des tentatives d'instrumentalisation. Du même coup, le chercheur doit définir, en même temps que son implication, son engagement, et donc indirectement son adhésion à certaines opinions ou son refus d'autres — avec le risque d'être étiqueté comme défenseur d'une cause, ou de dissoudre sa recherche dans l'activisme (voir les cas des Subaltern Studies, des recherches féministes ou des « enquêtes de voisinage » auprès des minorités ghettoisées de la dite « école de Chicago » — notamment Stocking, 1983 ; Ghasarian, 2002).

Les questions qui émergent mêlent le positionnement éthique et l'engagement politique, entre responsabilité et légitimité. En effet, le chercheur s'immerge dans la vie des personnes et en partage le quotidien pendant une période donnée, néanmoins il « ne reproduit pas la société des autres et ne se reproduit pas dans cette société, alors que pour ces autres, qu'il observe, les représentations qu'ils ont du monde et d'eux-mêmes, leurs principes d'action, leurs façons de sentir sont des enjeux d'existence et de reproduction de leur existence » (Godelier & Rebeyrolle, 2009). Qu'en est-il des cas où le chercheur est lui-même un produit de la société où il a décidé de travailler, et qu'il contribue à (re)produire, notamment grâce aux connaissances émergeant de sa recherche ? A quelles tensions et dilemmes singuliers le chercheur est-il alors soumis ? Comment concilier l'engagement dans son terrain (la situation de l'enquête ethnographique) et l'engagement par son terrain (Alan & al., 2012 ; Rebeyrolle, 2009) avec la neutralité — tout du moins axiologique — qu'exige toute approche scientifique ? L'engagement sur son terrain peut-il être mis à profit comme outil méthodologique (Burawoy, 1998) ?

Les actes posés par le chercheur ont des conséquences sur les conditions d'existence des individus, groupes et institutions de la société étudiée, en termes non seulement d'actions perpétrées sur place, mais aussi des travaux produits à partir de l'enquête. L'accès et la visibilité accrue des résultats de la recherche pour les enquêtés qui ont participé à son élaboration peut-elle être une condition « d'horizontalisation » de la relation de terrain ? Cela pousse-t-il les chercheurs à faire du terrain « autrement », c'est-à-dire à être plus soucieux du regard des enquêtés sur la recherche, voire à les y inclure ? Comment les « comptes à rendre » du chercheur (par rapport à son éthique personnelle et disciplinaire, aux interlocuteurs de son étude, à ses commanditaires, ou encore à la communauté scientifique) influencent-ils son positionnement, sa posture et la légitimité de ses statuts, paroles et actes dans un terrain du proche ?

Modalités de participation

Cet appel à propositions est ouvert à tout(e) doctorant(e) ou jeune chercheur(e), qui, par sa pratique du terrain, a été confronté(e) à de pareilles problématiques — quelle que soit la discipline où ses recherches s'inscrivent. Les trois axes proposés ne se veulent néanmoins pas exhaustifs, car les situations ethnographiques qui peuvent relever de l'enquête de terrain « chez soi » sont multiples et hétérogènes. La confrontation d'expériences singulières ne cesse d'enrichir ce qui constitue de nos jours une réflexion épistémologique complexe pour les disciplines qui mobilisent l'approche ethnographique.

Les chercheur(e)s intéressé(e)s à proposer une communication sont invité(e)s à envoyer avant le 9 avril 2016 un résumé d'une longueur maximale de 200 mots accompagné d'une note biographique incluant statut, affiliation et informations de contact (5 lignes maximum) à l'adresse suivante : conferencelasc@gmail.com.

La journée d'étude aura lieu le lundi 9 mai 2016 à l'Université de Liège (Belgique). Elle s'inscrit dans les activités de l'Ecole Doctorale Thématique en Sciences Sociales de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Bibliographie

Abu-Lughod, L. 1988. Fieldwork of a dutiful daughter. In Altorki, S. & El-Solh, C. F. (Eds.) Arab women in the field: Studying your own society. Syracuse University Press, 139–161.

Agier, M. 2013. La condition cosmopolite. L'anthropologie à l'épreuve du piège identitaire. Paris : La Découverte.

Alam, T. & al. 2012. Science de la science de l'État : la perturbation du chercheur embarqué comme impensé épistémologique. Sociétés contemporaines, 87(3), 155-173.

Albera, D. 2001. Terrains minés. Ethnologie française, 31(1), 5-13.

Althabe, G. 1990. Ethnologie du contemporain et enquête de terrain. Terrain, 14, 126–131.

Atkinson, P. 1992. Understanding ethnographic texts. Newbury Park, Calif: Sage Publications.

Bonte, P. & Izard, M. 2004. Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris : Presses Universitaires de France.

Bourdieu, P. 2003. L'objectivation participante. Actes de la recherche en sciences sociales, 5(150), 43-58.

Burawoy, M. 1998. The extended case method. Sociological theory, 16(1), 4-33.

Caratini, S. 2004. Les non-dits de l'anthropologie. Paris : Presses Universitaires de France.

Cefaï, D. 2002. Les risques du métier. Engagements problématiques en sciences sociales. Cultures et conflits, 47(3).

Clifford, J. 1988. The Predicament of Culture: Twentieth-century Ethnography, Literature, and Art. Cambridge: Harvard University Press.

Clifford, J. & Marcus, G. 1986. Writing cultures. Berkeley: University of California Press.

Durkheim, E. 2002 [1894]. Les règles de la méthode sociologique.

Version en ligne à partir de la 16e édition (1967) : DOI http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.due.reg1

Fainzang, S. 1994. L'objet construit et la méthode choisie : l'indéfectible lien. Terrain, 23, 161-172.

Favret-Saada, J. 1990. Être affecté. Gradhiva, 8, 3-10.

Ferréol, G. & Jucquois, G. 2003. Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles. Paris : Armand Colin.

Gandolfi, P. 2001. I migranti marocchini e la cultura berbera nel contesto della migrazione transnazionale. La Ricerca Folklorica, 39–51.

Gellner, D. 2012. Uncomfortable Antinomies: Going Beyond Methodological Nationalism in Social and Cultural Anthropology. Amelina, A. (Ed.). Beyond Methodological Nationalism: Research Methodologies for Cross-Border Studies, New York: Routledge, 111–28.

Ghasarian, C. (Ed.) 2002. De l'ethnographie à l'anthropologie réflexive : nouveaux terrains, nouvelles pratiques, nouveaux enjeux. Paris : Armand Colin.

Godelier, M. 2007. Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l'anthropologie, Paris : Albin Michel.

Godelier, M. & Rebeyrolle, M. 2009. Comprendre l'altérité sociale et existentielle d'autrui. Journal des anthropologues, 116-117, 35-54.

Gupta, A. & Ferguson, J. 1997. Discipline and practice: “The field” as site, method, and location in anthropology. In Gupta, A. & Ferguson, J. Anthropological locations: Boundaries and grounds of a field science. Berkeley: University of California Press, 1–46.

Hall, E. T. 1959. The silent language. New York: Doubleday & Company.

Harris, M. 2001. Cultural Materialism: The Struggle for a Science of Culture. Rowman Altamira.

Kilani, M. 1994. Du terrain au texte. Communications, 58, 45–60.

Laburthe-Tolra, P. & Warnier, J.-P. (1993). Ethnologie anthropologie. Paris: Presses Universitaires de France.

Mascarenhas-Keyes, S. 1987. The Native Anthropologist: Constraints and Strategies in Research. In Jackson, A. (Dir.) Anthropology at Home. London: Tavistock, 180-195.

Miller, D. 2010. Stuff. Cambridge: Polity.

Okely, J. 1992. Anthropology and autobiography. Participatory experience and embodied knowledge. In Okely J. et Callaway H. (Dir.) Anthropology and autobiography. London & New York: Routledge, 1-28.

Ouattara, F. 2004. Une étrange familiarité. Les exigences de l'anthropologie « chez soi ». Cahiers d'études africaines, 2004/3 (175), 635-658.

Peirano, M. 1998. When anthropology is at home: the different contexts of a single discipline, Annual review of anthropology, 27, 105-128.

Piasere, L. 1999. Un mondo di mondi. Antropologia delle culture rom. Napoli : L'ancora.

Rebeyrolle, M. 2009. La capacité de migrer. De la porosité méthodologique entre anthropologie et psychanalyse. Journal des anthropologues, 116-117, 429-442.

Stocking, G.W. (Ed.) 1983. History of anthropology – Volume 1. Observers observed: essays on ethnographic fieldwork. Wisconsin: University of Wisconsin Press.

Stoller, P. 1989. The taste of ethnographic things: the senses in anthropology. Philadelphia: University of Pennsylvania Press.

Stoller, P. 2004. Sensuous ethnography, African persuasions, and social knowledge. Qualitative inquiry, 10, 817–835.

Tedlock, B. 1991. From Participant Observation to the Observation of Participation: The Emergence of Narrative Ethnography. Journal of Anthropological Research, 47(1), 69-94.

Weber, F. 1990. Journal de terrain, journal de recherche et auto-analyse (entretien avec Gérard Noiriel). Genèses, 2, 138-147.

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Migrations & diversité culturelle

Séminaire doctoral annuel

Appel à contributions

La 9e édition du Séminaire Doctoral annuel du programme « Migrations & Diversité culturelle » de l'EDTSS se déroulera les 21 et 22 avril 2016 à l'Université libre de Bruxelles (Institut de Sociologie, Campus du Solbosch, Bâtiment S, avenue Jeanne, 44 à 1050 Bruxelles).

Thématique : Toute problématique en lien avec le champ de recherche peut faire l'objet d'une communication.

Pour qui ? Cet appel à contributions s'adresse à tout(e) doctorant(e) ou post-doctorant(e) intéressé(e) par le champ des études migratoires et post-migratoires et/ou des théories de l'intégration (diversité sociale et culturelle dans les sociétés contemporaines). Il concerne tant les jeunes chercheurs inscrits à l'EDTSS, que des doctorants rattachés à d'autres écoles doctorales en Communauté française ou ailleurs.

Objectifs du séminaire

  1. Discussion avec des experts du champ (cf. discussion de chaque papier et apport de « keynote speakers » experts dans le champ)
  2. Ce séminaire donne l'occasion aux doctorants et jeunes chercheurs de diverses disciplines des sciences sociales (sociologie, anthropologie, sciences politiques, démographie et développement…) de présenter l'état d'avancement de leur thèse, ou de leur recherche pour les post-docs intéressés (problématique, dispositif méthodologique, premiers résultats, discussion théorique …), en se positionnant de manière réflexive par rapport aux débats théoriques et méthodologiques contemporains.
  3. Thématique de l'année : pour cette édition du séminaire, l'accent sera placé une fois encore sur les enjeux méthodologiques et épistémologiques de la comparaison (approches et usages de la comparaison, au fil des disciplines, des approches théoriques, des problématiques ? Statut épistémologique donné à la comparaison ? Comment construire l'objet dans/à partir des contextes différents ? Méthodes et outils ?, etc.)
  4. Cette thématique a été proposée aux conférenciers comme fil rouge à leur intervention, mais n'est en rien exclusive d'autres thématiques.

Méthode de travail

Les communications acceptées seront regroupées en ateliers dotés d'une certaine cohérence (thématique, théorique, géographique ou autre). Chaque communication durera environ 20 minutes et fera l'objet d'une mise en discussion critique préparée par un spécialiste (professeur ou chercheur confirmé, non-membre du comité d'accompagnement de la thèse). Ces discutants seront prioritairement des chercheurs appartenant à la même discipline que celle du doctorant. Les contributeurs intéressés sont invités à proposer un résumé de maximum une page (A4) de leur communication avant le 7 mars 2016. Le texte écrit complet sera demandé pour le 8 avril 2016 et transmis au discutant.

Contact et envoi des propositions : Prof. Andrea REA

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Cycle de visio-conférences en analyse de discours

FRIANDIS : Réseau Francophone International en Analyse de DIScours

Conçu dans une perspective transdisciplinaire et méthodologique, ce cycle de rencontres virtuelles s'adresse aux professeurs, aux chercheurs ainsi qu'aux étudiants de 3ième cycles intéressés par le spectre des études du discours.

Afin de permettre au plus grand nombre de participer aux échanges, les rencontres se déroulent par visio-conférence, simultanément dans 3 pays et chaque fois dans 4 à 6 universités de 15h à 17h heure de Paris et de 9h à 11h heure Montréal.

Responsables de chaque pôle

  • Canada
    • Université du Québec à Montréal : Élias Rizkallah
    • Université de Sherbrooke: Karine Collette
    • Université du Québec en Outaouais: Dimitri della Faille
  • France
    • Université Paris-Est Créteil : Claire Oger
    • Université de Picardie : Thierry Guilbert
  • Belgique
    • Université libre de Bruxelles: Corinne Gobin
    • Université catholique de Louvain : Philippe Hambye

Hiver-Printemps 2016

  • 17 février 2016, Louvain-La-Neuve
  • 2 mars 2016, Louvain-La-Neuve
  • 30 mars 2016, Louvain-La-Neuve
  • 13 avril 2016, Bruxelles

Présentation des séances

Séance du 17 février 2016: 15h-17h (heure de Louvain-La-Neuve)

Titre: Normes et hors-normes dans le champ de l'accompagnement

Conférencier: Marc Glady, maître de conférences, Université Paris-Dauphine, sociologie du langage, membre du comité de rédaction Langage et Société, il travaille notamment sur l'étude des pratiques langagières de l'accompagnement du retour à l'emploi.

Résumé: La sociologie des politiques publiques et des dispositifs d'accompagnement des chômeurs a largement mis l'accent sur les normes qui encadrent l'activité des conseillers- emplois et sur les diverses injonctions et prescriptions qui traversent le travail d'accompagnement. Cette activité est donc généralement envisagée sous l'angle des processus de reproduction et de domination qui pèsent sur les bénéficiaires privés d'emploi. L'organisation d'un colloque à Sherbrooke sur les discours hors-normes en 2015 a fait émerger la question de savoir si ce thème avait du sens appliqué au monde professionnel évoqué ci-dessus et aux pratiques discursives qu'il recouvre. Si l'on part des tendances normatives qui traversent ce champ sous l'effet des politiques publiques, des contraintes de gestion des organismes impliqués, de la professionnalité des acteurs, de la nature des dispositifs engagés, des formats relationnels qu'ils induisent dans le suivi des chômeurs, la question des discours hors-normes se présente d'une manière pour le moins paradoxale. Trois raisons peuvent l'expliquer. L'hétérogénéité des cadrages choisis pour construire l'analyse sociologique, la multiplicité des orientations normatives de la pratique sous l'effet d'une diversité d'orientations professionnelles, enfin l'incertitude pratique sur les normes qui s'appliquent en situation, rendent la définition du hors-normes fluctuante et son identification difficile.

Mais la réponse est positive dès lors qu'on procède à une analyse du discours qui délaisse les catégorisations en surplomb pour privilégier le repérage de formes langagières qui s'instituent dans un déport, un a contrario, ou encore la négation des discours de la formation discursive de l'accompagnement. C'est ce que la conférence explorera en analysant différentes configurations énonciatives et argumentatives relevant de ces cas de figure. Le hors-normes se confond alors avec les potentialités émancipatrices du langage.


Séance du 2 mars 2016 : 15h-17h (heure de Louvain-La-Neuve)

Titre: Ernesto Laclau : Hégémonie, Théorie discursive du politique et analyse du discours

Conférencier: Ricardo Peñafiel, Professeur associé au département de Science politique de l'UQAM et chercheur au GRIPAL (Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine) et au CRI (Centre de recherche sur les imaginaires). Il travaille à une opérationnalisation de certaines théories politiques contemporaines (liées au tournant linguistique) par une ethnosociologie des discours appliquée à des cas d'actions collectives dans les Amériques.

Résumé: Ernesto Laclau, l'un des plus importants penseurs politiques contemporains, à développé une théorie « discursive » du politique. Dans une perspective « postmarxiste », il entre en débat avec les théories marxistes de l'hégémonie, leur reprochant de réifier la classe et les rapports de production. Assumant pleinement le tournant linguistique en philosophie et dans les sciences sociales, Laclau développe une théorie contingente ou non essentialiste de l'hégémonie au sein de laquelle n'importe quel élément du social (femmes, laissés pour compte, écologie, etc.) peut devenir le sujet de l'histoire s'il parvient à s'ériger en symbole ou signifiant vide d'une chaîne d'équivalences instaurant une frontière antagoniques avec l'(ancien) ordre symbolique hégémonique.

Parfaitement cohérente avec ses principes théoriques, cette conceptualisation du politique se heurte à quelques écueils lorsqu'on cherche à l'appliquer à des situations concrètes. Le séminaire tentera de répondre à ces défis en proposant une opérationnalisation de cette théorie à travers les outils méthodologiques et la perspective épistémologique de la tradition française d'analyse du discours. Cette confrontation entre « théorie et praxis » se fera en discussion avec d'autres philosophes politiques de la contingence – comme Foucault, Castoriadis ou Rancière – en fonction desquels on cherchera à parfaire cette théorie discursive du changement social.


30 mars 2016 : 15h-17h (heure de Louvain-La-Neuve)

Exposé 1

Titre: Analyse du discours de la presse féminine et alternance codique

Conférencier 1: Mirta Desnica, doctorante au CEDITEC, enseignante en linguistique française à l'UPEC. Ses recherches portent sur l'usage de la langue anglaise dans la presse féminine française contemporaine et articulent l'analyse de discours avec la linguistique de l'énonciation, la linguistique textuelle et la sémiotique de la culture.

Exposé 2: Lecture et discussion

Titre: Le discours d'information médiatique comme espace de circulation des dires et de construction d'une mémoire interdiscursive. Autour de la notion de mémoire interdiscursive médiatique introduite par Sophie Moirand.

Conférencier 2 : Émilie Née, maître de conférence en sciences du langage, ses recherches se situent à l'articulation de l'analyse de discours, de la linguistique de corpus et de la sémantique. Elle interroge textes et discours pour en faire émerger des régularités, des normes, des pratiques discursives et langagières, voire des « routines » propres à un genre, à un discours ou à une pratique professionnelle.

Lectures proposées :

Moirand, S. (2007), Chapitre IV – Mémoires et Médias, in Moirand, S. (2007), Le discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre, Paris : PUF, p. 115-156.

Moirand, S. (2007), « Discours, mémoires et contextes : à propos du fonctionnement de l'allusion dans la presse », Corela, Hors-série – 6 « Cognition, discours, contextes »


13 avril 2016 : 15h-17h (heure de Bruxelles)

Titre : Le modèle de l'“entreprise transfrontalière” en eurorégions : installation du paradigme dans le discours économique

Conférencière : Marie-Hélène Hermand. Enseignante en Lettres et Langues à l'Université de Poitiers, doctorante à l'ULB, elle travaille sur de grands corpus multilingues et lemmatisés avec notamment l'aide de TXM.

Résumé : À la fois symboles et témoins de la politique communautaire menée depuis les années 1990 en faveur de la régionalisation, les eurorégions suscitent divers discours qui préfigurent l'installation d'une gouvernance transfrontalière en Europe.

En focalisant l'attention sur les discours produits par des chefs d'entreprises implantées en eurorégions, par des représentants de chambres de commerce transfrontalières et par des sociétés d'audit, il sera question de montrer comment les acteurs économiques s'emparent du projet politique expérimental de développement des eurorégions.

Il s'agira en particulier à l'installation du paradigme de l' "entreprise transfrontalière" dans la formation discursive eurorégionale. En effet, ce “modèle hybride” d'entreprise ne surgit pas par hasard dans le discours : il contribue à légitimer des territoires en quête de reconnaissance et s'inscrit en complément du paradigme de la “suppression des frontières nationales” déjà observé dans le volet institutionnel de la formation discursive.

L'analyse s'appuie sur un corpus multilingue permettant de voyager dans l'espace européen et multigenre afin de disposer d'une large représentation d'énonciateurs. D'ampleur trop vaste pour un traitement manuel, le corpus nécessite un outillage qui optimise sa manipulation. L'analyse se veut qualitative mais nourrie par des résultats textométriques. À cette fin, elle mobilise une plateforme combinant l'analyseur morphosyntaxique TreeTagger (fourni par l'université de Stuttgart) et une base de données (SQLite-Perl) développée et optimisée pour les besoins de la recherche.

Modalités de participation et inscription

Pour ce qui concerne la participation belge, il est nécessaire de vous inscrire pour chacune des conférences auprès de Corinne Gobin ET Marie-Line Furst en communiquant vos noms, Université et titre (doctorant, chercheur, professeur,…). La petitesse de la salle limite en effet le nombre de places (12), d'où l'obligation de s'inscrire. La participation est gratuite. Nous avons envoyé ce programme auprès de plusieurs écoles doctorales de la Communauté française pour que la participation à ce programme puisse être valorisée dans le cadre de la formation doctorale.

Lieu et accès

Les trois premières conférences se donneront à l'Université catholique de Louvain à la salle b324 dans les halles universitaires, place de l'Université. Pour se rendre à Louvain-la-Neuve :

  • en train via Ottignies (voir site de la SNCB) ; attention bien prendre un train vers Louvain-la-Neuve et non vers Louvain (Leuven) qui se trouve en Flandre.
  • en voiture: prendre l'autoroute E411 sortie 8a (LLN centre) en venant de Bruxelles (arrivée via le Boulevard de la Wallonie voir ce plan).

La rencontre aura lieu dans le bâtiment des Halles universitaires (v. cadre rouge dans le plan). L'entrée se fait par la Place de l'université (v. flèche dans le plan). Pour ceux qui viennent en train, il se trouve juste à droite de la gare quand on quitte les quais. Si vous venez en voiture, le plus simple est de vous garer aux parkings Accueil, Charlemagne ou Grand Rue. Vous devez ensuite monter jusqu'à la partie piétonne de la ville (en surplomb de la route) et vous dirigez vers les Halles.

Une fois dans le bâtiment vous devez vous rendre dans le local b.324. Il se trouve dans l'aile b, au 3e étage. Quand vous entrez dans les Halles, une fois dans le couloir principal, l'aile b se trouve à votre gauche au début du couloir. Une fois arrivé-e au 3e étage, vous trouverez le local n°24 comme on trouve les maisons dans une rue.

En cas de problème, vous pouvez joindre Philippe Hambye au 0472 810 420.

La quatrième conférence se donnera à l'Université libre de Bruxelles à la salle UB2 129 (bâtiment U porte B 2e niveau local 129, un fléchage à l'intérieur du bâtiment renvoie vers la salle de visio-conférence.)

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Analyse quantitative en sciences humaines : Lecture accompagnée d’un article

Nous avons le plaisir de vous inviter à la 3e édition du séminaire « Analyse quantitative en sciences humaines : lecture accompagnée d’un article ». Cette journée a pour objectif de donner, aux chercheurs ne disposant d’aucune formation statistique, des outils nécessaires pour décrypter une étude quantitative en sciences humaines. Lors de cette édition, nous lirons « Les choix d'études supérieures sont-ils liés à l'établissement fréquenté? » de Virginie Dupont et Dominique Lafontaine. Soulignons que ce séminaire ne vise pas l’acquisition d’une technique particulière pour l’appliquer ensuite à vos propres données mais à vous permettre de comprendre un article et ses enjeux statistiques.

Le séminaire sera organisé le 26 novembre 2015 à l’Université de Namur de 9h30 à 16h.

L’inscription au séminaire est gratuite, mais obligatoire. Seules les 30 premières inscriptions pourront être satisfaites.

Pour l’inscription ou toute information complémentaire : aqsh.edoc@gmail.com

Programme :

9h00 : Accueil
9h30 : Présentation de l’article et problématisation de la question de recherche
10h00 : Échantillonnage, biais et précisions
10h30 : Les variables et leur construction
11h15 : Méthodologie et présentation de la régression logistique multiniveau
12h00 : Pause sandwich
13h00 : Résultats de l’analyse
15h15 : Retour à la question de départ et discussion

Des pauses café/thé et une collation légère sont prévues.

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Découvrir la recherche qualitative par la pratique

Bien que souvent mobilisées en sciences humaines (gestion, psychologie, sociologie), les méthodes de recherche qualitative restent souvent trop mal comprises. En conséquence, le cours propose une introduction à la recherche qualitative. Le cadre général de Grounded Theory Method (GTM) est brossé en quelques heures, afin de laisser place à la réalisation pratique, par les participants, d'un travail de recherche collectif. Il s'agit d'élaborer une problématisation (à partir de la lecture d'articles scientifiques), de collecter des matériaux empiriques (entretiens), de les analyser et de présenter les résultats (sur le mode de la communication à un colloque scientifique).

Le cours est organisé en 6 journées:

  1. Introduction aux approches qualitatives, techniques d'entretien, choix du sujet de recherche, éléments de problématisation
  2. Introduction à l'analyse par théorisation ancrée et présentation (par les participants) d'articles scientifiques
  3. Atelier d'analyse par théorisation ancrée: micro-analyse et étiquetage des matériaux collectés par les participants
  4. Atelier d'analyse par théorisation ancrée: codage ouvert et axial des matériaux collectés par les participants
  5. Atelier d'analyse par théorisation ancrée: codage sélectif des matériaux collectés par les participants
  6. Présentation et retour d'expérience

Supports

Le manuel du cours est disponible dans toutes les bonnes librairies.

  • Christophe Lejeune, 2014, Manuel d'analyse qualitative. Analyser sans compter ni classer. Louvain-La-Neuve, De Boeck.

Inscriptions

  • Le nombre de participants est limité;
  • La présence à toutes les séances est rigoureusement obligatoire. Avant de vous inscrire, vérifiez bien (dans votre agenda) que vous êtes en mesure d'être présent(e) à toutes les dates.
  • Mesurez bien l'engagement qu'implique votre inscription. Outre les journées présentées dans l'agenda, il vous faudra travailler plusieurs mois en équipe et produire un travail personnel représentant un minimum de 20 minutes par jours. Compte tenu du nombre de places disponibles, abandonner en cours de processus n'est pas envisageable.
  • Les inscriptions se réalisent via le formulaire en ligne externe; sur une base 'premier arrivé, premier servi'
  • Pour l'année 2015-2016, les inscriptions seront ouvertes le 30 octobre 2015 à 14h
available in English
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Ressources informatiques pour l’analyse qualitative

Responsables : Christophe Lejeune (ULg) et Jean-Pierre Hiernaux (UCL)

Ce laboratoire se déroulera en deux temps.

  • La journée introductive sur Les logiciels d'analyse qualitative (le 22 février 2008) offrira un aperçu de la variété des outils disponibles, leurs possibilités et leurs limites, présentés par des chercheurs rompus à ces techniques. Au terme de cette journée, les organisateurs établiront une analyse des besoins avec les doctorants désireux de participer activement au laboratoire.
  • Dans un second temps (de février à mai 2008), la suite du laboratoire s'organisera en séances de travail selon un agenda fixé avec les participants. En fonction des objets de recherche et des types de corpus auxquels ceux-ci se confrontent, il s'agira d'explorer, tester, analyser, comparer et évaluer la pertinence et l'apport possible de divers procédés et outils avec lesquelles on se familiarisera simultanément.

Présentation, programme, inscription :

http://analyses.ishs.ulg.ac.be/edtss_methodes_logiciels/


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